07/08/2025

Patrimoine caché : À la découverte des œuvres d’art et objets liturgiques anciens de Saint-Barthélemy

L’église Saint-Barthélemy et ses trésors principaux

Cœur battant du village, l’église éponyme surplombe discrètement la Place de l’Église. Construite pour l’essentiel dans la première moitié du XIXe siècle, elle a remplacé une église plus ancienne dont les traces subsistent encore dans le mobilier et quelques éléments intégrés. Elle abrite aujourd’hui les œuvres majeures du patrimoine artistique local, régulièrement inventoriées dans la base Mérimée du Ministère de la Culture (source : patrimoine.region-bretagne.fr).

Le retable du maître-autel

  • Date estimée : Fin XVIIIe - début XIXe siècle.
  • Description : En bois sculpté et doré, ce retable, d’inspiration néo-classique, présente un décor de colonnes cannelées, de médaillons et de motifs végétaux. Plusieurs statues y prennent place : une Vierge à l’Enfant vêtue d’un manteau bleu roi, un Saint Barthélemy tenant son couteau, ainsi qu’un Saint Joseph à l’enfant.
  • État de conservation : Restauré dans les années 1990, il présente encore quelques usures, vestiges d’un usage sans interruption depuis plus de deux siècles.
  • Anecdote : Lors de la restauration, des fragments de polychromie ancienne ont été retrouvés sous la dorure, attestant de remaniements successifs selon les goûts des époques.

Statues anciennes

  • Vierge à l’Enfant (XVIIIe siècle) : Statuaire typique du Morbihan, cette sculpture polychrome en bois possède une expression douce. La finesse du travail de drapé, rehaussée d’un léger vernis, intrigue souvent les visiteurs.
  • Sainte Anne éducatrice (probablement XVIIe siècle) : En bois polychrome, représentée enseignant à Marie. Cette dévotion est commune en Bretagne, mais la pièce, modeste par ses dimensions (40 cm environ), est l’une des rares conservées dans ce secteur.
  • Saint Barthélemy : La statue du patron de la paroisse, datant peut-être du XVIIIe siècle, se distingue par sa livrée rouge et son visage expressif. Détail à observer : la relique sertie sur le socle, dont l’origine reste discutée parmi les historiens locaux.

L’orfèvrerie liturgique

  • Calices : Deux calices anciens sont recensés. L’un, en argent massif, date de la fin du XIXe siècle et porte le poinçon du maître orfèvre « A. Bouillon à Rennes ». L’autre, plus sobre, est en étain et probablement antérieur d’un siècle. Ils sont toujours utilisés pour la messe solennelle lors de la fête patronale.
  • Croix d’autel et encensoir : Une croix d’autel en laiton repoussé (XIXe siècle) présente des inscriptions aujourd’hui pratiquement effacées. L’encensoir, d’allure plus rustique, est identifié à la manufacture de Vannes (milieu XIXe siècle).
  • Custode gothique : Remonte probablement à la première église. De style gothique flamboyant, elle servait à réserver le Saint Sacrement.

Mobilier et ornements textiles, mémoire des cérémonies

Au fil des décennies, la paroisse a conservé ou reçu en dépôt plusieurs textiles et mobilier religieux. Ces objets, utilisés lors des grandes fêtes liturgiques, sont rarement exposés mais parfois visibles lors des journées du patrimoine ou d’expositions ponctuelles.

Chapes et bannières processionnelles

  • Bannière de la paroisse : Datée 1893, en velours bordé d’un galon doré, ornée de broderies représentant l’apôtre Barthélemy. Restaurée localement en 2012 grâce à un financement participatif.
  • Chapes brodées : Deux chapes anciennes sont signalées dans les archives diocésaines, dont l’une en soie cramoisie avec galon or, probablement du second Empire.
  • Etoles de pénitence : En lin, certaines portent les initiales des prêtres les ayant utilisées, précieuses pour retracer la mémoire du clergé de la commune.

Reliquaires et souvenirs de missions

  • Reliquaire du XIXe siècle : Conservant une parcelle de relique (os) réputée de Saint Barthélemy, protégé sous verre et monté sur bois doré, exposé lors de la fête patronale.
  • Tableaux de mission : Deux tableaux commémoratifs (“Mission 1904” et “Mission 1934”) honorent les temps forts spirituels ayant marqué la paroisse. Ces missions, période d’intenses célébrations, étaient courantes à cette époque et jalonnent la vie communautaire.

Chapelles, calvaires et petits trésors extérieurs

Le patrimoine religieux de Saint-Barthélemy ne se limite pas à l’intérieur de l’église principale. Plusieurs chapelles et croix – parfois isolées au détour d’un chemin – conservent aussi des œuvres significatives, témoignant de la ferveur rurale d’autrefois.

La chapelle de Kerven

  • Histoire : Située à l’est du bourg, sur la route du Guerno, la chapelle de Kerven fut bâtie vers la fin du XVIIe siècle puis restaurée après la Seconde Guerre mondiale.
  • Statues : On y découvre une Sainte Brigitte en bois (XVIIIe siècle) au regard énigmatique, ainsi qu’un petit Christ en croix attaché sur une poutre de faîte.
  • Bénitier : En granit, original par sa forme octogonale et sa taille inhabituelle (presque 50 cm de diamètre).

Calvaires et croix monumentales

  • Calvaire du cimetière : Monument funéraire en granit, sculpté vers 1750, avec une crucifixion dont les détails sont encore lisibles malgré l’érosion.
  • Croix de chemin : Plusieurs croix réparties autour de la commune, souvent non datées mais attribuées aux XVIIe-XVIIIe siècles, présentent une simplicité touchante. La croix du Champ de la Lande, de presque deux mètres de haut, est la plus ancienne d’après les relevés des Monuments Historiques (base Palissy).

Quelques anecdotes et pièces singulières

  • Cloche de l’église : Fondue en 1881 dans l’atelier Bollée d’Angers, elle porte une inscription latine et plusieurs noms de notables locaux, parmi lesquels le maire de l’époque et le nom du parrain, une tradition très vivace en Bretagne. Poids estimé : 480 kg.
  • Pierre de fonts baptismaux : Difficile à dater, mais probablement hérité de la toute première église. Son décor naïf en spirale évoque les productions paysannes du haut Moyen-Âge.
  • L’orgue de chœur : Instrument modeste à transmission mécanique, installé vers 1950 mais comportant dans son buffet une partie de tuyauterie plus ancienne, signe d’une réutilisation attentive des matériaux.
  • Carnet paroissial “Missel” : Un registre manuscrit, conservé en sacristie, rassemble des prières spécifiques à Saint-Barthélemy ainsi que plusieurs cantiques bretons, témoignant de l’usage du breton dans la liturgie jusque dans les années 1940.

Protéger, transmettre, valoriser

Les objets et œuvres évoqués ne constituent qu’un aperçu. Si certaines pièces sont désormais classées ou inscrites à l’Inventaire général du patrimoine culturel (consultable sur POP Culture Gouv), d’autres demeurent encore à l’abri des regards, jalousement conservées dans les familles ou en sacristie. La commune, avec l’appui d’associations locales, poursuit leurs préservation et valorisation. En 2016, un inventaire photographique a débuté, accessible pour partie lors des journées européennes du patrimoine.

Saint-Barthélemy, fidèle à sa discrétion, n’expose pas ses trésors en pleine lumière. Pourtant, chaque objet, du plus humble étendard au calice ouvragé, éclaire un pan de l’histoire locale. Avec patience, de génération en génération, s’invente un patrimoine à hauteur d’homme : modeste peut-être, mais vivant, et d’autant plus précieux qu’il se laisse volontiers découvrir à qui sait regarder autrement les chemins et les églises de ce beau coin du Morbihan.

Pour aller plus loin :

  • Base Mérimée – Inventaire des Monuments historiques (pop.culture.gouv.fr)
  • Archives diocésaines de Vannes
  • État du patrimoine bâti en Morbihan – DREAL Bretagne (2018)

Pour aller plus loin