02/09/2025

Saint-Barthélemy (Morbihan) : traditions, repères et identité d’un village breton

Les repères historiques : pierres et mémoire collective

L’histoire de Saint-Barthélemy, comme celle de tant de communes bretonnes, s’inscrit d’abord dans la pierre. Plusieurs éléments architecturaux racontent le passé rural, religieux et collectif du lieu.

  • L’église Saint-Barthélemy : son clocher du XIXe siècle domine le centre du bourg. C’est l’un des symboles forts du village, à la fois repère visuel et lieu de rassemblement. La paroisse fut fondée en 1859, date à laquelle la commune s’est également constituée, détachée de Pluméliau (source : Wikipedia).
  • La fontaine Saint-Barthélemy : nichée sous la route, à deux pas de l’église, elle matérialise la foi locale mais aussi l’importance de l’eau dans les légendes bretonnes. Jadis réputée pour guérir certaines maladies de peau, elle était un site de dévotion lors du pardon – tradition religieuse incontournable en Bretagne.
  • Les croix de chemin : une dizaine de croix monumentales jalonnent encore la commune. Leur variété de styles (granite, schiste, croix pattée ou croix latine) évoque les mouvements de populations et les anciennes routes de pèlerinage.

Le pardon de Saint-Barthélemy : une tradition séculaire

Le pardon est sans doute la tradition religieuse la plus emblématique de Bretagne, et celle de Saint-Barthélemy ne fait pas exception. Organisé autour du 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, on y voit :

  • Une messe avec chants bretons et prières collectives.
  • Une procession jusqu’à la fontaine, où jadis on puisait de l’eau que l’on disait miraculeuse.
  • L’occasion de retrouver des familles dispersées ou de renouer avec les racines du village.

Si l’aspect religieux attire moins aujourd’hui, le pardon reste un événement marquant pour le tissu social : c’est un moment de retrouvailles, d'accueil des nouveaux venus, et un prétexte à la convivialité autour d’un repas partagé (souvent en plein air, à la salle communale ou sous chapiteau).

Fêtes populaires et rendez-vous intergénérationnels

À Saint-Barthélemy, la tradition du vivre-ensemble passe autant par les grands rendez-vous annuels que par des habitudes plus discrètes.

La fête du village

Chaque printemps, le comité des fêtes organise une journée animée au cœur du bourg. Au programme : repas à base de produits locaux (saucisses, crêpes, galettes), jeux traditionnels bretons (palet, boules bretonnes, course en sac) et bal populaire. Si la recette évolue selon les années, l’esprit festif, lui, ne change pas.

Les rendez-vous agricoles

L’agriculture, qui façonne depuis toujours le paysage bartholoméen, marque aussi des temps forts dans la vie locale :

  • Le marché de printemps, organisé depuis 2017 par des producteurs, réunit des stands de plants, miel, fromages, charcuteries artisanales, tisanes et produits de ferme.
  • Des portes ouvertes ponctuelles dans certaines exploitations – permettant de découvrir le quotidien des agriculteurs et leur savoir-faire transmis de génération en génération.

Ces moments valorisent la filière locale : près de 15 exploitants agricoles sont présents sur le territoire, majoritairement en élevage laitier et bovin (source : INSEE).

Savoir-faire et artisanat : identité en mouvement

Parler de Saint-Barthélemy, c’est aussi évoquer un tissu artisanal dynamique. Entre tradition et modernité, la commune mise sur une transmission vivante des métiers.

  • Les tisserands, filature et broderie : Au début du XXe siècle, plusieurs ateliers valorisaient la laine issue des fermes environnantes. De nos jours, quelques habitants perpétuent la pratique de la broderie traditionnelle et du tricot, lors d’ateliers ouverts à tous.
  • L’élevage et la transformation : Plusieurs fermes proposent encore du lait cru et des produits transformés sur place (yaourts, fromages, glaces artisanales), trahissant le souci du circuit court.
  • La menuiserie et l’artisanat du bois : La tradition du travail du bois reste présente : plusieurs artisans fabriquent portes, portails ou même des mobiliers sur-mesure qui font la fierté locale.

On notera que 13% des emplois du village relèvent de l’artisanat, un taux supérieur à la moyenne nationale pour une commune rurale (source : INSEE).

Symboles partagés et patrimoine naturel

Difficile d’évoquer Saint-Barthélemy sans parler des paysages qui s’y tissent au fil des saisons. Certains lieux naturels ou itinéraires sont devenus des symboles presque autant que les fêtes ou les constructions humaines.

La rivière de l’Ével

Serpentant au sud de la commune, l’Ével structure les terres agricoles et attire pêcheurs et promeneurs. La pêche à la truite y est réglementée, mais demeure un loisir familial ancré dans les habitudes depuis des générations. Le parcours de randonnée du “Chemin de l’Ével” est fréquenté toute l’année, notamment au printemps pour admirer la floraison des iris sauvages.

Le bocage et ses sentiers

  • Le bocage bartholoméen, caractérisé par ses haies de chênes, frênes et aubépines, façonne l’identité visuelle du village. Ces haies, en plus d’offrir abri à la biodiversité, témoignent de pratiques agricoles héritées du Moyen-Âge.
  • Presque 20 km de sentiers sont entretenus par la commune et les habitants bénévoles. Ces “chemins creux” sont devenus emblématiques et font partie intégrante des traditions de balade dominicale.

Expressions du patrimoine oral : chansons, contes et anecdotes

Au fil des générations, Saint-Barthélemy a également développé une identité orale. Jusqu’aux années 1950, le breton – plus précisément le parler vannetais – était courant chez les anciens (source : Langues de France).

  • Les chants locaux rythmaient les veillées : on évoque “Ar Geltedenn” pour marquer la fin de la moisson, ou encore les refrains du “kan ha diskan” lors des bals populaires.
  • Les contes et légendes : plusieurs récits circulent autour de la fontaine Saint-Barthélemy, dont celui d’un chevalier miraculé par l’eau, ou la malédiction d’une cloche censée protéger le village des orages.

Certaines de ces histoires sont encore transmises par l’école ou lors de résidences d’artistes en partenariat avec la médiathèque.

L’importance du collectif : associations et solidarités locales

Les traditions ne vivent que parce qu’elles se réinventent. À Saint-Barthélemy, la vie associative incarne à merveille cette identité villageoise.

  • L’amicale laïque et le comité des fêtes : piliers de l’organisation des grands rendez-vous, mais aussi relais de transmission pour les chants, jeux traditionnels et découvertes du patrimoine.
  • Les clubs seniors, qui perpétuent les ateliers de cuisine, broderie et couture. Les recettes partagées lors des repas (far breton, kig ha farz, crêpes) font partie des marqueurs du vivre-ensemble.
  • Des initiatives éphémères : balades contées, défis sportifs locaux ou journées citoyennes (nettoyage de sentiers, restauration de croix anciennes).

Toutes ces initiatives donnent à la commune son visage : ici, être Bartholoméen, c’est autant habiter un lieu que transmettre un sens du collectif.

Des symboles ouverts sur demain

Saint-Barthélemy reste bien vivant, car il sait faire dialoguer traditions et modernité. Qu’il s’agisse du retour en grâce des circuits courts, des animations jeunes publics à la médiathèque, de la protection des chemins et fontaines ou de la recherche permanente d’un équilibre entre patrimoine et innovation, les repères qui rythment la commune sont loin d’être figés.

Entre croix anciennes, fêtes de village, ateliers d’artisanat, clochers et bocages préservés, Saint-Barthélemy joue sa partition sur un air discret, mais bien ancré. Un fil qui lie mémoire, paysages et envie de faire société, et qui, chaque année, séduit de nouveaux curieux comme il rassure les habitués.

Sources :

  • INSEE
  • Wikipedia (Saint-Barthélemy, Morbihan)
  • Culture.gouv/Langues de France
  • Site officiel de la commune Saint-Barthélemy

Pour aller plus loin