29/09/2025

Kersuguet : Les secrets d’un hameau paisible au cœur du Morbihan

Un hameau, une histoire discrète et authentique

Situé sur la commune de Saint-Barthélemy, Kersuguet fait partie de ces petits hameaux bretons dont on entend peu parler, mais qui réservent aux curieux bien des surprises. Discrètement posé entre les reliefs doux du pays de Baud et la vallée du Blavet, il évoque l’essence même de la ruralité morbihannaise. Ici, pas de grands monuments, mais une harmonie de pierres et de chemins creux qui parlent du passé agricole de la Bretagne, de la vie quotidienne, du rapport intime entre les habitants et leur paysage.

Le cadre géographique : un écrin de verdure entre landes et bocage

Au cœur du Morbihan, Kersuguet se distingue par sa situation. Le hameau s’étire le long de petites routes à faible circulation, cerné par un patchwork de prés, de haies, de bois de châtaigniers et de bosquets de noisetiers. Un bocage encore très présent, témoin d’une campagne préservée et d’une biodiversité remarquable. Au lever du jour, on peut croiser lièvre d’Europe ou chevreuil, profiter de chants d’oiseaux multiples. Un vrai banc d’essai grandeur nature pour qui aime observer la nature sans artifice.

  • Altitude : environ 95 m, point culminant du hameau, offrant de belles perspectives sur la campagne.
  • Distance au bourg de Saint-Barthélemy : un peu moins de 2,5 km, soit une courte balade à pied ou à vélo.
  • Parcours de randonnée : le GR 38 passe à proximité. La “Boucle de Kersuguet”, balisée par la commune, fait environ 7 km et propose un tour d’horizon des paysages environnants (source : Mairie de Saint-Barthélemy).

Le bâti traditionnel : maisons, longères et patrimoine rural

Kersuguet compte moins d’une vingtaine de maisons. La plupart d’entre elles remontent au 19 siècle, et certaines encore antérieures. Le bâti y est de granit local, reconnaissable à ses jointoiements irréguliers et à ses encadrements de portes souvent taillés grossièrement, témoignant d’un travail manuel et modeste.

  • Les longères : longues maisons basses alignées, parfois accolées à une ancienne étable ou un four à pain.
  • Dépendances agricoles : granges semi-ouvertes, petits abris à outils, puits en pierre sèche, témoins de la polyculture passée du hameau.
  • Calvaire en granit : modeste mais bien conservé, érigé au début du XX siècle, il présente une station marquée lors de la fête du pardon.

Point notable : ici, les toitures traditionnelles en ardoises rivalisent maintenant avec quelques reprises en tuiles. Les murets de pierres sèches, pour la plupart centenaires, servent encore à séparer les propriétés ou les anciens jardins de buis et de pommiers.

Une vie rurale encore bien présente

Si la population de Kersuguet progresse lentement — une quinzaine d’habitants seulement permanents (source : INSEE, recensement communal 2021) —, la vie rurale se maintient. Quelques exploitations agricoles subsistent tout autour.

  • Cultures : principalement maïs, blé, et pâturages pour vaches laitières.
  • Verger collectif : entretenu depuis la fin des années 1990, il regroupe plus de 25 variétés de pommes locales (source : Association des Vergers de Bretagne).
  • Savoir-faire : plusieurs maisons cultivent l’art du potager, et quelques ruches situées en lisière des bois apportent un miel réputé au sein de la commune.

Le rythme de vie est donc encore marqué par les saisons agricoles : passage des tracteurs, fenaisons, puis cueillette des pommes fin septembre. Un hameau vivant, bien que discret.

Des traditions locales et une mémoire partagée

Kersuguet perpétue des traditions, reflet du patrimoine immatériel de la région. La fête du Pardon de Saint-Barthélemy, célébrée chaque année le dernier week-end d’août, fait traditionnellement une halte devant le calvaire du hameau. Ce moment réunit habitants et proches, autour de chants et d’un apéritif partagé, typique de la convivialité bretonne.

  • Le fameux “gâteau breton” maison y est souvent à l’honneur, accompagné d’un verre de cidre de la ferme d’à côté.
  • Les anciens racontent qu'au début du 20 siècle, la procession pouvait réunir toutes les familles du hameau, souvent plus nombreuses qu’aujourd’hui ! (témoignages collectés auprès de la Société d’histoire du Morbihan).

En marge du Pardon, la mémoire du hameau s’entretient aussi par le biais du carnet du voisinage : de petits cahiers circulent d’une maison à l’autre, regroupant anecdotes, recettes et souvenirs partagés, une tradition orale qui fait son charme propre.

Kersuguet et son environnement naturel : faune, flore et havre pour promeneurs

Côté nature, Kersuguet attire promeneurs, cueilleurs de champignons et cyclistes en quête de calme. Le vieux chemin creux, appelé localement “le Sentier des Hérissons”, est bordé de fougères et de primevères au printemps. Il relie plusieurs bosquets où l’on peut croiser écureuils, pics épeiches ou chouettes hulottes dès la tombée du jour.

  • Plus de 50 espèces d’oiseaux recensées à proximité, selon le Collectif ornithologique breton.
  • Fleurs sauvages : pâquerettes, digitales pourpres, orchidées des prairies humides, indiquant une belle diversité botanique.
  • Points d’eau : trois fontaines et deux anciens abreuvoirs, précieux pour la faune locale. L’un d’entre eux a été restauré en 2016 par des bénévoles du hameau.

Kersuguet se situe aussi sur la trajectoire de plusieurs couloirs à chauves-souris (notamment la pipistrelle commune), protégées au niveau régional (source : Groupe Mammalogique Breton).

Chercher la discrétion... et la beauté du quotidien

Ce qui frappe à Kersuguet, c’est l’absence de folklore de carte postale, et justement, c’est là l’un de ses atouts principaux. On vient ici pour ressentir la cohérence d’un paysage façonné progressivement, par des générations d’habitants parfois oubliés, mais attentifs. La beauté de Kersuguet réside dans ses détails : une porte entrouverte sur une cour fleurie, la sonnerie légère d’une cloche abritant une mésange au printemps, ou l’odeur du foin coupé, portée par le vent du soir.

Le hameau attire ainsi un petit nombre de visiteurs fidèles : botanistes, passionnés du bâti vernaculaire, amateurs de photographie ou habitants des communes voisines cherchant un peu d’authenticité sans mouvement touristique massif. Les échanges se font au hasard d’une rencontre sur le chemin, d’un panier d’œufs laissé devant une porte ou d’une discussion en fin d’après-midi sur la météo, autour du puits communal.

Avis des promeneurs et du patrimoine local

Selon l’inventaire du patrimoine de la région Bretagne (patrimoine.bzh), le hameau de Kersuguet figure parmi les ensembles “caractéristiques de l’évolution rurale du XIX siècle dans le Morbihan”. La qualité de conservation des bâtiments et des chemins ruraux y est soulignée, tout comme la complémentarité avec les autres sites villageois de la commune (notamment Kerhervy et Kerdréan).

  • Sur les forums locaux et guides spécialisés (notamment Rando-Morbihan.fr), Kersuguet est régulièrement cité comme étape “sereine et typique”, une pause appréciée lors de randonnées sur le secteur de Baud.
  • La commune encourage d’ailleurs la découverte du hameau via ses itinéraires balisés et ses actions de sensibilisation à la vie rurale (source : Mairie de Saint-Barthélemy, bulletin municipal 2022).

Perspectives : un avenir entre préservation et initiatives douces

De plus en plus, les petits hameaux comme Kersuguet sont mis à l’honneur dans les politiques de valorisation du patrimoine rural. Projets de restauration de murets, actions de sensibilisation à l’environnement ou ateliers du goût autour des variétés anciennes de pommes témoignent d’un renouveau. Malgré la menace de l’isolement et de la déprise agricole, la dynamique locale veut préserver l’âme du hameau tout en intégrant de nouveaux habitants venus chercher ici tranquillité et sens du collectif.

Kersuguet invite à ralentir, à observer et à se laisser surprendre. S’y attarder quelques heures, c’est comprendre combien la ruralité bretonne, loin d’être figée, continue — dans la discrétion et la simplicité — à faire battre le cœur du Morbihan.

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