27/09/2025

Saint-Barthélemy (Morbihan) : un bourg breton entre mémoire et caractère

Aux origines de Saint-Barthélemy : naissance d’un bourg rural

Saint-Barthélemy tient son nom d’un apôtre, référence partagée par de nombreux villages français, mais son histoire s’ancre profondément dans celle du Morbihan. Située à une vingtaine de kilomètres de Pontivy et à moins de 40 km de Lorient, la commune s’est formée sur d’anciens territoires de landes, entre Blavet et Ével. La plus ancienne mention du bourg remonte au XVe siècle, moment où le nom « Sanctus Bartholomeus » apparaît dans les archives diocésaines de Vannes (source : Inventaire général du patrimoine culturel, Région Bretagne).

Si la paroisse s’est structurée autour de la chapelle primitive, il faut attendre le début du XIXe siècle pour voir le village prendre son visage actuel, notamment autour de son église et de ses quelques commerces. Avant cela, Saint-Barthélemy dépendait en grande partie de la seigneurie de Locmaria.

  • Superficie actuelle : 13,29 km² (source : INSEE)
  • Nombre d’habitants : 1342 (chiffres INSEE - 2021), contre moins de 700 en 1962
  • Altitude : 50 à 126 mètres
  • Codes postaux : 56150

Un village marqué par la terre et les chemins

L’histoire locale se raconte avant tout dans le paysage. Ici, pas de château imposant, mais un dialogue constant entre champs, chemins creux, et zones humides. Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’activité agricole prédomine. Les cultures vivrières, le lin (autrefois très présent dans le secteur), puis l’élevage, marquent le quotidien. On compte en 1892 plus de 110 exploitations à Saint-Barthélemy, majoritairement familiales, nombre qui va chuter avec l’exode rural et la modernisation agricole.

Les sentiers (encore très nombreux aujourd’hui) étaient des axes majeurs : chemins de traverse ou de petites routes reliant Saint-Barthélemy à Baud, Pluméliau ou Melrand. Ce réseau fait aujourd’hui la richesse du bourg pour les randonneurs et les promeneurs. En témoignent les balades accessibles, où l’on croise à la fois vestiges d’anciens murets, fours à pain, et fontaines modestes.

La vie communautaire au fil des époques

Saint-Barthélemy, c’est aussi une histoire de voisinage et de solidarité. Dès le XIXe siècle, la vitalité du bourg s’incarne dans les petits cafés, l’école communale (ouverte en 1841), et la mise en place de fêtes populaires autour du pardon de la Saint-Barthélemy. La laïcisation progressive des écoles (loi Ferry, 1882) marque un tournant important, tout comme l’arrivée progressive de la lumière électrique en 1929, puis de l’adduction d’eau en 1957 (Archives Départementales du Morbihan).

  • Bureau de Poste : Ouverture en 1899, fermeture en 2010 (transformé en agence postale communale)
  • École publique actuelle : plus de 90 élèves répartis sur 4 classes (année 2023)
  • Église paroissiale reconstruite : 1878-1880, consacrée en 1884

La commune compte longtemps plusieurs petites auberges et des commerces multi-services. À partir des années 1960, la population commence à augmenter, effet « retour au pays » et arrivée de nouveaux habitants cherchant le calme hors des grands axes.

Patrimoine bâti et lieux identitaires

Le bourg conserve un patrimoine discret mais évocateur. Parmi les éléments notables :

  • L’église Saint-Barthélemy : bâtie en granit, elle surprend par la simplicité de sa nef et le soin apporté aux vitraux, œuvres d’ateliers vannetais du début du XXe siècle.
  • La fontaine Saint-Barthélemy : située à proximité immédiate, source historiquement réputée pour ses vertus contre les maux de tête selon la tradition orale.
  • La croix de mission (1923) : elle marque la revitalisation spirituelle du bourg à l’orée des années folles.
  • Plusieurs maisons à pans de bois et toits d’ardoises : notamment rue de l’Église et rue du Four, témoins d’une architecture rurale adaptée au climat.

Hors du centre, on recense quelques fermes anciennes, dont celle du Parc, remarquable pour ses linteaux en pierre datés de 1808, et plusieurs fours à pain restaurés lors de fêtes locales.

Anecdotes et souvenirs d’antan

Saint-Barthélemy a connu son lot d’histoires attachantes et d’anecdotes bien ancrées dans la mémoire collective :

  • La cloche de l’église fut descendue et cachée par les habitants dans un champ voisin durant la Seconde Guerre mondiale pour éviter sa réquisition par les Allemands (témoignage commun rapporté lors du bicentenaire paroissial en 1984).
  • La grande crue de 1926 : l’Ével a débordé, inondant l’accès du pont du village et forçant les habitants à improviser des barques de fortune (source : témoignages locaux collectés par la mairie).
  • L’arrivée du téléphone public en 1963, placé longtemps dans l’ancien café du bourg, point de rassemblement lors des rares appels, à une époque où tout le monde ne disposait pas encore du téléphone à domicile.

Une évolution douce : démographie et nouveaux horizons

Depuis la fin du XXe siècle, Saint-Barthélemy connaît une évolution notable. Après avoir frôlé les 630 habitants dans les années 1970, la commune a retrouvé aujourd’hui plus de 1300 résidents, avec une population jeune (presque un quart des habitants a moins de 18 ans d’après l’INSEE 2021). Ce dynamisme s’illustre par le maintien d’une école, la création d’associations sportives et culturelles, et un tissu commercial actif (boulangerie, bar-restaurant, supérette).

  • Recensement 2021 : 1342 habitants
  • Taux de résidences principales : 94 % des logements (source : INSEE)
  • Évolution démographique 1962-2021 : +100 %

La commune attire aussi pour son cadre de vie, le calme renforcé par l’absence d’axe routier majeur et la densité du bocage. Beaucoup de familles trouvent à Saint-Barthélemy un équilibre entre accessibilité (10 minutes de Baud ou Pluvigner) et douceur rurale. L’esprit du village se nourrit aujourd’hui autant de ses racines que de la diversité nouvelle de ses habitants.

Fêtes, coutumes et petites fiertés collectives

L’identité de Saint-Barthélemy ne se résume pas à ses pierres ou ses chiffres. Elle se ressent dans ses manifestations, héritages subtils des générations précédentes :

  1. Pardon de la Saint-Barthélemy : fin août, messe en plein air suivie d’un repas convivial sous chapiteau ; moment majeur depuis l’après-guerre pour rassembler tous les habitants.
  2. Fête de la galette : chaque année, début juin, elle rassemble autour du four à pain communal. Occasion de voir revivre des gestes anciens et de perpétuer les recettes.
  3. Randonnées thématiques : guidées par les bénévoles, elles font découvrir les chemins secrets du bourg et racontent les histoires de chaque lieu.
  4. Concours des maisons fleuries : fierté locale qui transforme les ruelles en guirlande de couleurs chaque été.

Ces événements sont autant de moyens de resserrer les liens, d’intégrer les nouveaux arrivants et de porter, sans fierté excessive mais avec une sincère joie, l’identité d’un village qui cultive l’art de bien vivre ensemble.

Un bourg fidèle à lui-même, tourné vers demain

Saint-Barthélemy ne fait pas la Une des guides touristiques, mais c’est précisément ce qui fonde son identité : une discrétion alliée à une attention toute bretonne à la convivialité. Le bourg continue d’évoluer doucement, fidèle à sa vocation de lieu de vie et d’accueil. Le patrimoine, les traditions, le dynamisme de ses associations, et le soin porté au cadre de vie tracent les contours d’une commune qui, tout en restant attachée à sa mémoire, n’hésite pas à inventer de nouvelles façons d’être ensemble, à l’échelle humaine.

Envie de pousser la porte de ce village ? Il suffit d’une promenade pour comprendre ce qui fait le charme et la force tranquille de Saint-Barthélemy — un lieu où l’histoire continue d’écrire la vie quotidienne, en toute simplicité.

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