03/10/2025
Au nord de la commune de Saint-Barthélemy, le hameau de Kergoët se dissimule le long de petites routes étroites et sinueuses. Ici, pas de hauts murs de granit ni d’église imposante. Kergoët, à première vue, c’est la Bretagne intime : quelques maisons anciennes, une ferme, et la mosaïque de champs qui borde le cœur du bourg.
Ce qui frappe dès qu’on s’approche de Kergoët, ce sont les chemins. Ces voies resserrées, parfois si encaissées qu’elles laissent peu passer la lumière, constituent un maillage fascinant, vieux de plusieurs siècles. Le hameau est ainsi célèbre dans la région pour être un des exemples les plus purs de l’art du chemin creux.
Le “chemin creux”, ce mot résonne comme une invitation à l’aventure champêtre. Il s’agit d’un type de sentier typique du bocage breton — et du Morbihan en particulier — délimité par des talus (souvent appelés "levées") couverts de hautes haies. Leur origine ? Un long patient travail des hommes et de la nature, entremêlant fonction, géographie et usage agricole.
Dans tout le nord de Saint-Barthélemy, aucun hameau n’offre un maillage de chemins creux aussi conservé qu’à Kergoët. Ici, les sentiers ne servent pas seulement à relier champs et parcelles, ils racontent un mode de vie, une organisation sociale et paysanne.
Se promener dans les chemins creux de Kergoët, c’est faire l’expérience d’un monde particulier. Les haies sont parfois si denses qu’on marche sous la voûte verte formée par les branches. Par endroits, on croise les traces de bêtes sauvages, la mousse épaisse sur les pierres, les restes d’un vieux portail de ferme en schiste.
D’après une enquête menée par Bretagne Vivante en 2022, 68% des chemins creux du Morbihan ont vu leur linéaire diminuer entre 1950 et 2020, principalement pour cause de remembrement agricole et d’élargissement des routes. Kergoët fait figure d’exception, en ayant conservé près de 80% de son réseau d’origine (source : Synthèse “Chemins creux du Nord-Morbihan”, Bretagne Vivante, 2022).
L’association du hameau de Kergoët avec les chemins creux n’est pas qu’une affaire de patrimoine bâti : c’est un héritage vivant, qui structure toujours le quotidien et les liens entre riverains.
Le hameau de Kergoët se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins au sens propre et figuré. Si la tradition du chemin creux est bien vivante, elle doit s’adapter aux nouveaux usages. Marcheurs, cyclistes, cavaliers, riverains : tous profitent de ces corridors verts, mais leur préservation dépend désormais d’une gestion partagée.
Au-delà de l’aspect patrimonial, les chemins creux incarnent pour Kergoët une façon de se projeter dans l’avenir en misant sur le tourisme doux, les mobilités non motorisées et le maintien du tissu rural.
Redécouvrir les chemins creux de Kergoët, c’est renouer avec un patrimoine qui unit la nature, le passé et l’avenir du territoire. Ce labyrinthe taillé dans la terre, discrètement animée par les saisons et par les pas des promeneurs, demeure l’une des signatures les plus authentiques du bocage de Saint-Barthélemy.