16/11/2025
Les chemins creux façonnent depuis des siècles l’identité rurale bretonne. À Kergoët, hameau entre Saint-Barthélemy et Pluméliau, ils invitent à une immersion tout en douceur. Lorsque l’on suit ces sentiers encaissés, bordés de talus couverts de chênes, de noisetiers, parfois de houx centenaires, chaque pas révèle une nouvelle facette du Morbihan intérieur.
Kergoët n’est pas un point touristique affiché. Ici, on marche pour s’imprégner de la vie d’une campagne discrète, loin des cartes postales, mais riche en surprises. Les paysages qui s’ouvrent tout au long de ces chemins racontent l’équilibre ancien entre l’homme et la terre, entre le bocage et les grands espaces.
La magie des chemins creux, c’est cet instant où la voûte des branches s’ouvre et laisse place à un horizon. Autour de Kergoët, ces percées offrent de vrais moments de respiration :
C’est ce contraste entre passages en tunnel végétal et points de vue dégagés qui donne tout le sel d’une balade du côté de Kergoët.
La trame bocagère des environs de Kergoët n’est pas due au hasard. Elle témoigne d’une longue histoire de cultures et d’élevages menés à la main, avec respect du relief et du sol. Encore aujourd’hui, près de 70% des chemins ruraux autour de Saint-Barthélemy sont bordés de haies (source : CA Morbihan). Trois éléments structurent le décor :
Cette mosaïque n’est pas seulement belle. Elle protège les sols de l’érosion, favorise la biodiversité et régule l’eau. Une enquête de Bretagne Vivante (2021) démontre que les haies et talus du Morbihan hébergent plus de 50 espèces d’oiseaux nicheurs.
Loin des foules, la tranquillité des chemins creux de Kergoët attire une faune discrète mais variée. Au petit matin, on croise volontiers un chevreuil en bord de prairie, ou plus rarement le renard, observateur caché derrière les fourrés.
Des inventaires menés par le Groupe Mammalogique Breton font état, sur le secteur de Saint-Barthélemy, de la présence de 11 espèces de chauves-souris – un record local du fait de la diversité des habitats bocagers (GMB).
À Kergoët, tout marcheur attentif constate à quel point la lumière et les couleurs se transforment au fil de l’année. Quelques observations phares :
Selon le Conseil départemental du Morbihan, la longueur cumulée des chemins creux dans le département dépasse 3 000 km, mais ceux bien conservés, comme à Kergoët, sont devenus plus rares (source : Département du Morbihan).
Pour profiter pleinement des paysages, une boucle d’environ 7 kilomètres est recommandée, au départ du parking de l’ancienne école de Kergoët :
Compter 2h à 2h30 en marche tranquille, pauses comprises.
Sur ce parcours, quelques marqueurs incontournables :
Les paysages des chemins creux de Kergoët ne tiennent pas seulement à leur beauté naturelle : ils dépendent aussi de gestes quotidiens. Agriculteurs, randonneurs, habitants contribuent à l’entretien des talus et au maintien des haies. Cette « co-gestion » s’est renforcée ces dernières années grâce à plusieurs initiatives locales, comme le projet « Haies Vivantes » porté par la commune de Saint-Barthélemy depuis 2022, qui prévoit la plantation de plus de 3 km de haies d’ici 2025 (source : Mairie de Saint-Barthélemy).
Marcher à Kergoët, c’est saisir, au fil des saisons, la richesse fragile d’un paysage modelé par le temps et les usages humains. C’est découvrir une Bretagne d’intérieur, généreuse, qui se livre sans bruit à qui sait lever les yeux et prendre le temps.