Des chemins secrets aux panoramas : Explorer les coteaux de la vallée à Saint-Barthélemy

La vallée du Blavet, qui coule au pied de Saint-Barthélemy, garde ses secrets derrière de modestes collines qu’on appelle ici des coteaux. Ces reliefs érodés dessinent un paysage de vallons, de petits plateaux, et — parfois — de véritables belvédères naturels qui offrent une vue saisissante sur la rivière et les champs du Morbihan intérieur. Entre le canal du Blavet et les hameaux accrochés à la pente, les coteaux de Saint-Barthélemy marquent une frontière invisible entre le bourg, la campagne et la vallée fluviale. Ces collines, inattendues pour qui ne connaît que la Bretagne littorale, s’élèvent doucement, culminant pour certaines à près de 110 mètres d’altitude (source : IGN). Ici, l’impression de hauteur vient plus du dénivelé et de la vue subite sur les méandres du Blavet que de la majesté brutale des montagnes.

Trois points de départ principaux permettent de partir à la conquête des coteaux autour de Saint-Barthélemy. Chacun a son caractère, et surtout, tous offrent une expérience différente — de la balade facile à la randonnée sportive :

• Le village de Kervihan Plus qu’un simple hameau, Kervihan (à 2,5 km à l’ouest du bourg) est le point de départ pour explorer le coteau nord, célèbre pour ses landes et sa vue sur le Blavet.
• Le port de Saint-Nicolas-des-Eaux Située à la lisière de Saint-Barthélemy et Pluméliau, cette escale fluviale est une excellente introduction. On accède ici à des sentiers longeant la vallée avant de grimper sur le versant est.
• Le vieux bourg de Saint-Barthélemy Depuis l’église, on rejoint à pied, par des petites routes puis des chemins creux, le flanc des coteaux sud.

La région ne manque pas de circuits balisés, adaptés aux familles comme aux randonneurs aguerris. Pour ceux qui aiment voir loin et marcher longtemps, voici quelques suggestions testées et appréciées :

1. Circuit du Grand Coteau

• Distance : 11,3 km (boucle, balisage jaune)
• Départ : Aire de pique-nique de Kervihan
• Points forts : Montée progressive entre genêts et aubépines, passage près d’un vieux moulin à vent ruiné, panorama à 180° sur la vallée du Blavet, zone de pique-nique sous les chênes au point culminant (109 m).
• Accessibilité : Sol parfois glissant après la pluie. Déconseillé aux poussettes.

Une borne explicative détaille ici la géologie locale : des schistes anciens, modelés au fil de millénaires par la rivière, expliquent les formes arrondies de ces coteaux. Ce circuit, bien entretenu par des bénévoles et la commune, reste encore préservé des foules.

2. Sentier des crêtes de Saint-Nicolas

• Distance : 6,6 km (aller-retour, balisage bleu)
• Départ : Port de Saint-Nicolas-des-Eaux
• Points forts : Passerelle sur le Blavet, montée en sous-bois, apparition soudaine de la vallée depuis le « Rocher des Légendes », flore typique (bruyère cendrée, digitales pourpres au printemps).
• Accessibilité : Possible avec de jeunes enfants (à condition d’éviter les tout premiers mètres très pentus).

C’est le sentier le plus fréquenté lors des beaux jours — mais ne boudez pas votre plaisir : la vue finale, par temps clair, porte jusqu’aux cimetières de bateaux à Locmalo, à près de 3 km à vol d’oiseau.

3. Boucle panoramique de Kerchopine

• Distance : 9,5 km (boucle)
• Départ : Parking du cimetière de Saint-Barthélemy
• Points forts : Chemin rural restauré, traversée de prairies à orchidées sauvages (mai-juin), points de vue sur le Blavet à mi-hauteur, traversée du vieux verger communal.

Ce circuit reste assez confidentiel, peu connu hors des habitants. Depuis la crête de Kerchopine, on comprend d’un coup la structure en « balcon » caractéristique de la vallée.

Les sentiers vers les coteaux panoramiques ne sont pas que des itinéraires : ils sont aussi le fil conducteur d’une découverte sensible de cette partie du Morbihan. Quelques éléments à ne pas manquer :

• Les paysages changeants : Le jeu de la lumière sur la vallée, surtout en début de matinée ou en fin d’après-midi, transforme le relief. En été, les coteaux semblent dorés. En hiver, la brume accentue leurs arrondis.
• La flore typique : Landes, ajoncs, bruyères tapissent les pentes méridionales, tandis que les versants nord portent des hêtraies résiduelles. Au printemps, narcisses et violettes couvrent les bords de chemin.
• Les petits patrimoines : Puisez dans la toponymie locale (Kerchopine, Kergal, Kerlivan…) pour retracer l’histoire des fermes et des vieilles croix de granit, parfois cachées derrière un talus.

Au détour des sentiers, les tables d’orientation (notamment celles récemment rénovées près du point haut de Kervihan, en 2022) livrent des clés pour identifier les lieux-dits visibles à l’horizon. Pratique pour replacer chaque panorama dans son contexte. (Source : Mairie de Saint-Barthélemy)

Les sentiers des coteaux peuvent se parcourir presque toute l’année, mais il faut rester attentif à quelques éléments pour profiter au mieux de l’expérience :

1. Prévoir de l’eau et un encas. Peu de points d’eau sur les circuits hors bourg, surtout en été.
2. Se chausser selon le terrain. Les coteaux, bien que peu élevés, présentent par endroit un sol argileux glissant.
3. Éviter les battues de chasse. De la mi-octobre à la fin février, le dimanche matin, renseignez-vous en mairie ou auprès de l’ONF avant de partir (source : Fédération départementale des chasseurs).
4. Privilégier les extrémités du jour. Lumières rasantes et atmosphère paisible garanties en début de matinée ou deux heures avant le coucher du soleil.

À noter également : ces sentiers sont entièrement gratuits et ouverts à tous. Les propriétaires privés jouent le jeu (le code rural leur impose parfois l’entretien des éléments traversés par les circuits balisés — voir Article L161-6 du Code rural).

Ce qui distingue les coteaux de la vallée du Blavet de ceux, plus connus, de la Vilaine ou de l’Ellé, c’est leur fréquentation mesurée. Ici, pas de plateforme aménagée défigurant le paysage, mais des bancs rustiques, parfois un simple vieux chêne servant de repère. La plus forte affluence recensée lors d’un jeudi de l’été 2023 a été un maximum de 27 promeneurs sur la grande boucle, selon les relevés de l’association Rando 56.

Les panoramas proposés n’ont donc rien de spectaculaire au sens touristique, mais leur charme réside dans leur discrétion et la qualité d’observation qu’ils offrent. La perspective sur la vallée, les toits d’ardoise, et les méandres du Blavet suffit à donner le sentiment d’être « ailleurs ».

Si le printemps attire avec ses floraisons (près de 20 espèces d’orchidées recensées en 2022 par le Conservatoire Botanique National de Brest sur le secteur de Kerchopine), chaque saison renouvelle l’intérêt des balades sur les coteaux :

• En été : Les herbes hautes et l’ombre ponctuelle des vieux arbres offrent des haltes appréciées. Attention cependant aux tiques (privilégier les vêtements longs).
• À l’automne : Explosion de couleurs sur les versants couverts de châtaigniers et de hêtres. Les champignons abrités dans les creux — girolles et trompettes de la mort — n’échappent pas aux amateurs locaux.
• En hiver : La visibilité du panorama augmente, branches sans feuilles. On apprécie aussi le silence, et parfois, le spectacle du givre sur les landes.
• Au printemps : Période idéale pour observer la migration des oiseaux. Les linottes, buses et même le discret torcol fourmilier y font escale (source : LPO Bretagne).

Au fil de l’année, les sentiers peuvent évoluer : travaux locaux, réouverture de chemins ruraux, interventions des associations, ajout de signalétique. Un détour par la mairie ou sur le site de Rando Bretagne Sud permet de s’assurer de l’ouverture des circuits avant de partir.

Les sentiers menant aux coteaux panoramiques de la vallée autour de Saint-Barthélemy sont bien plus qu’une simple invitation à la randonnée. Chaque itinéraire est une nouvelle manière d’appréhender le territoire, avec ses lentes transformations et ses petites surprises.

Que l’on contemple les méandres du Blavet, les fermes anciennes, où que l’on s’attarde à reconnaître les arbres et entendre le cri du faucon, il s’agit avant tout d’un voyage sensible et accessible à tous — une façon d’apprécier le Morbihan autrement, loin des foules, au rythme du pas… et du vent.

Pour aller plus loin, n’hésitez pas à consulter les topo-guides locaux (disponibles à la médiathèque ou en mairie), ou à participer aux sorties organisées, ponctuellement, par l’association « Les Pas Sages » — une excellente occasion d’en apprendre plus sur la faune, la flore et le petit patrimoine de ces collines discrètes, mais riches de promesses.