04/08/2025
La Bretagne, et le Morbihan en particulier, se caractérisent par une histoire religieuse dense, visible dans ses calvaires, chapelles et croix de chemins (source : Service régional de l’inventaire Bretagne). Saint-Barthélemy n’échappe pas à la règle. Dès le haut Moyen Âge, l’Église a structuré la vie collective : on baptise, on protège, on place sous l’égide d’un saint protecteur. Les communautés s’organisent autour de paroisses, souvent à la croisée de terres agricoles et des premiers hameaux.
Au Moyen Âge, la toponymie se construit donc à travers la religion : prieurés, saints, lieux bénis marquent durablement les terres.
Un rapide coup d’œil sur la carte de la commune permet de relever plusieurs hameaux ou lieux-dits dont le nom rappelle un saint ou un élément du patrimoine sacré.
À Saint-Barthélemy, près de 18 % des hameaux portent une référence explicite à un nom de saint, d’après le recensement cadastral de 1844 (consultable aux Archives du Morbihan). C’est légèrement supérieur à la moyenne du Morbihan (environ 15 % sur l’ensemble du département selon Ronan Calvez, Géographie religieuse de Bretagne).
L’influence religieuse ne s’arrête pas à l’église paroissiale. Beaucoup de hameaux gardent la trace d’anciens lieux de culte aujourd’hui disparus, mais dont le nom survit. Parfois, seule une pierre gravée, une fontaine ou la mémoire orale en témoignent.
Dans ces cas, la toponymie est une forme de mémoire vivante : alors que les bâtiments disparaissent, la dénomination, elle, reste, rappel de l’importance culturelle du sacré dans la construction de l’identité locale.
Pour décrypter les noms de hameaux, il faut souvent s’intéresser à la langue bretonne, très présente dans la toponymie du Morbihan. Quelques clés reviennent partout sur le territoire :
Dans une commune comme Saint-Barthélemy, l’alternance du français et du breton dans la toponymie montre l’importance du double héritage religieux et linguistique. On trouve également des transformations phonétiques liées à l’usage oral, ce qui explique certaines différences d’écriture sur les cartes anciennes.
Longtemps, le nom d’un hameau n’était pas qu’un repère géographique : il situait, il protégeait, il disait aussi l’identité spirituelle du lieu. Le lien entre la population et son saint patron passait par les fêtes et processions. Jusqu’aux années 1960, on célèbre les « pardons » – comme à Saint-Léon ou à Saint-Barthélemy lui-même, grands rassemblements ruraux ponctués de rituels autour de la fontaine, de la chapelle ou de la croix.
Plusieurs noms de hameaux se sont transmis à travers la langue orale, bien avant leur fixation sur le cadastre. Il existe encore un usage familier du terme « aller à Saint-Mériadec », même si la chapelle a disparu.
Si nombre d’édifices ont disparu, la commune de Saint-Barthélemy conserve aujourd’hui :
La carte IGN actuelle fait apparaître plus de 25 hameaux ou lieux-dits référencés sur Saint-Barthélemy. Sur ce total :
Dans les dernières décennies, la laïcisation du territoire a atténué le poids de la religion au quotidien. Mais la transmission orale, les panneaux routiers et la mémoire collective font vivre ces noms. Les nouveaux habitants, parfois venus d’autres régions, s’approprient ces appellations, conscients ou non de leur histoire.
La toponymie religieuse est un patrimoine immatériel bien vivant. Elle pose chaque hameau au croisement de l’histoire, de la croyance et de la vie quotidienne. À Saint-Barthélemy, chaque nom raconte une histoire de communauté, de protection, de foi et de mémoire. Les promeneurs d’aujourd’hui croisent, au détour d’un chemin, ces échos silencieux du passé, discrètement inscrits dans les paysages.
La prochaine fois que vous lirez un nom sur un panneau ou qu’on vous indiquera une direction, gardez à l’esprit ce tissage invisible entre les lieux, les saints, la langue et la mémoire. Ce sont ces petits morceaux d’histoires entremêlées qui donnent, encore aujourd’hui, tant de relief à notre commune et à ses hameaux.