14/07/2025
Avant de lever les yeux sur chaque pierre, il est utile de resituer la commune dans son histoire. Saint-Barthélemy n’est pas née au Moyen Âge, mais prend forme en tant que paroisse à cette période, autour du premier millénaire. La région se structure alors autour de l’abbaye de Saint-Gildas de Rhuys, des grands fiefs voisins (notamment Pontivy), et subit à la fois les influences bretonnes et franques. Au Moyen Âge, le territoire actuel est marqué par une organisation rurale : hameaux, exploitations agricoles, réseaux de chemins, quelques points de rassemblement religieux. Les documents d’archives sont fragments, mais plusieurs éléments notables traversent les siècles.
Lorsque l’on cherche les traces médiévales à Saint-Barthélemy, l’évidence saute aux yeux : l’église paroissiale, mais aussi les chapelles alentour, sont les premiers témoignages matériels des siècles passés.
Saint-Barthélemy n’a jamais eu de château imposant, mais le territoire était composé de petits fiefs. Certains vestiges de maisons fortes subsistent encore, mêlés aux constructions agricoles réaménagées.
La plupart de ces sites ne sont aujourd’hui observables que de l’extérieur. Une étude menée par l’association d’histoire locale (source : Le Pays de Rohan) recense au moins cinq structures manariales ayant conservé traces de douves ou bases de murs, bien intégrées aux exploitations d’aujourd’hui.
Marcher à Saint-Barthélemy, c’est souvent longer un talus, traverser un vieux pont, arpenter une route encaissée. Beaucoup de ces tracés remontent loin, au-delà du XVIIe siècle. Les chemins « creux », si typiques, sont un héritage du Moyen Âge, période où la terre était déplacée pour faciliter le passage des charrettes et délimiter les parcelles.
Un relevé effectué lors du projet de sentier communal en 2022 (source : mairie de Saint-Barthélemy) a dénombré près de 8 km de chemins identifiés comme “pré-modernes”, aux talus anciens, où l’on retrouve parfois des bornes portant encore des marques médiévales.
Un autre regard sur le patrimoine médiéval s’impose en observant les points d’eau. Puits à margelle ancienne, fontaines, lavoirs… Même refaits au fil des siècles, beaucoup de ces équipements reprennent le site, l’orientation, voire des éléments en place depuis la fin du Moyen Âge.
En parcourant les alentours, il n’est pas rare de tomber sur une croix de pierre, parfois moussue, parfois refaite mais posée sur un socle visiblement plus ancien. Ces petits monuments scandent l’espace rural médiéval, marquant généralement des carrefours, lieux de procession ou limites de fiefs.
Toutes ces traces seraient muettes sans les collectages menés depuis plus d’un siècle, que ce soit par les archivistes, les érudits locaux ou les associations patrimoniales.
La tradition orale complète souvent ces documents. Certaines familles possèdent encore des “pouillé”, inventaires terriens qui recensent les parcelles et leurs exploitants dès le XVe siècle. Ces feuillets, parfois transmis de génération en génération, localisent de vieux toponymes médiévaux aujourd’hui disparus.
La mémoire du Moyen Âge ne dort pas seulement dans les vieilles pierres. Elle résonne parfois lors des fêtes, pardons, rassemblements de quartiers ou visites guidées, qui permettent de remettre au jour l’histoire de la commune.
Certains sites sont visibles librement, d’autres en accès limité lors des Journées du Patrimoine. Voici les principaux points d’intérêt, localisables sur la carte interactive de la commune (Saint-Barthélemy 56 – patrimoine) et sur le sentier des vieilles pierres :
Par de petits signes, un plan régulier, quelques pierres usées et des chemins anciens, Saint-Barthélemy fait sentir la profondeur de son passé médiéval, même lorsqu’il se fait discret. Ici, tout n’est pas monumental : beaucoup appartient à l’ordinaire, au détail, aux noms de lieu et aux souvenirs confiés. Pour qui prend le temps d’observer, le Moyen Âge ne se vit pas seulement dans les livres ou à travers de grandes ruines spectaculaires – il imprègne le moindre talus, la plus humble margelle, et parfois une fête qui se perpétue encore aujourd’hui. La commune, loin d’être figée, continue de faire de ces vestiges une source d’identité et de curiosité, invitant chaque visiteur ou habitant à marcher dans les traces des siècles passés.