14/09/2025

La vitalité des jeux bretons à Saint-Barthélemy : un patrimoine vivant à découvrir

La tradition des jeux bretons : racines et particularités locales

Le Morbihan fait partie de ces terres de Bretagne où les jeux traditionnels n’ont jamais vraiment disparu. Depuis plusieurs siècles, chaque village breton cultivait ses propres variantes, adaptées aux habitudes locales et aux matériaux disponibles. À Saint-Barthélemy, la transmission a surtout pris la forme d’une passion collective, tissée autour de lieux et de rendez-vous incontournables.

Les jeux bretons, ce sont d’abord des histoires communes : celle des pardons où l’on se défie joyeusement, des fêtes patronales où les générations se mélangent, des hivers où l’on ressort palets, boules et planches pour se réchauffer à la salle communale. On y retrouve notamment :

  • Le palet breton, ce cousin rustique de la pétanque, qui se joue sur planche, au contact du bois et du zinc.
  • La boule bretonne, plus proche de la boule lyonnaise, mais avec ses propres règles régionales.
  • La galoche, autrefois très courue dans le Morbihan, dont il reste quelques adeptes sur la commune.
  • Le birinic, jeu de jonglage et d’adresse en bois, moins connu mais parfois remis à l’honneur lors de fêtes scolaires ou associatives.

Selon la Fédération des jeux et sports traditionnels de Bretagne, ces activités réunissent encore plusieurs milliers de pratiquants réguliers dans le département. À Saint-Barthélemy, la dynamique perdure, portée par quelques passionnés, des associations motivées et un attachement discret à l’esprit du “jeux partagé”.

Où et comment pratiquer aujourd’hui à Saint-Barthélemy ?

La commune compte aujourd’hui plusieurs lieux dédiés à la pratique ou à la redécouverte de ces jeux. Si la pratique familiale demeure (dans les jardins et sur les places), des efforts structurés dynamisent cette tradition.

Les lieux emblématiques

  • Le terrain derrière la salle polyvalente : il accueille toute l’année des parties de palet et de boules, surtout à la belle saison. La mairie met à disposition du matériel sur demande pour les associations ou lors des événements publics.
  • Le foyer rural : régulièrement, le foyer rural organise des après-midis dédiées, notamment en hiver. On y sort planches, jeux de quilles, et on partage un café, souvent avec quelques conseils aux débutants.
  • Les fêtes de quartier et la fête communale : moments privilégiés pour des tournois ou des initiations, ouverts à tous. Depuis 2016, un “Grand Tournoi des Familles” est proposé chaque été, rassemblant jusqu’à 130 participants selon les chiffres de la mairie.

Entre associations et initiatives individuelles

La tradition ne vit pas que sur les places publiques. À Saint-Barthélemy, le tissu associatif reste moteur. Trois associations se distinguent :

  1. Loisirs et Traditions Barthélémiens : organise ateliers et tournois informels deux fois par mois. En 2023, l’association a recensé 48 adhérents, de 8 à 78 ans, preuve d’une vraie mixité générationnelle.
  2. École du Palet : structure plus récente, qui intervient notamment dans les écoles pour initier les plus jeunes (près de 70 élèves sensibilisés cette saison, selon l’association).
  3. Les Amis de la Boule : organisent un championnat amical interne, qui connaît chaque année une vingtaine de participants fidèles, et une poignée de “jeunes recrues”.

Au-delà, il n’est pas rare de croiser, lors des longues soirées d’été, des groupes de voisins improvisant une partie sur une pelouse ou devant un garage. Cette spontanéité, cet esprit collectif, fait partie du charme du lieu.

Une pratique qui s’adapte : entre transmission et renouveau

On pourrait croire ces jeux réservés aux anciens, mais le visage de la pratique évolue. Les écoles de la commune, grâce aux enseignants et bénévoles, organisent chaque année une “semaine du patrimoine ludique” : ateliers, olympiades et démonstrations font découvrir à près de 150 enfants, selon l’école primaire Anne-François, l’histoire et le geste de la galoche, du palet, des boules, parfois même du birinic et du trou du chat.

La diversité des participants s’étend aussi aux nouveaux arrivants. La commune a recensé que près d’un quart des pratiquants réguliers dans les associations (sources : mairie, 2023) viennent de familles installées à Saint-Barthélemy depuis moins de 10 ans – preuve que ces jeux sont aussi un lien pour s’intégrer.

  • Des tournois thématiques sont organisés : “Tournoi des Quartiers”, “Challange intergénérations”.
  • Quelques jeunes adultes ont entrepris de dépoussiérer les règles, créant des variantes plus rapides ou “fun” (par exemple, un “palet-cible” simplifié pour les petits).
  • Les réseaux sociaux locaux (groupes Facebook et WhatsApp communaux) servent à diffuser des invitations pour des après-midis jeux ouvertes, favorisant l’échange entre nouveaux et anciens.

Cette évolution s’observe dans tout le Morbihan. Selon une enquête de Le Télégramme en 2022, près de 35% des associations bretonnes de jeux traditionnels ont vu leur effectif se rajeunir sur les 5 dernières années, souvent grâce à l’action des écoles et au dynamisme des fêtes communales.

Quelques chiffres sur la pratique à Saint-Barthélemy et dans le Morbihan

Indicateur Saint-Barthélemy Morbihan
Associations sportives dédiées aux jeux bretons 3 Environ 85 (source : CDOS56, 2023)
Moyenne d’âge des pratiquants 44 ans (estimation locale, 2023) 50 ans (Observatoire régional, 2022)
Principaux jeux pratiqués Palet, Boule bretonne, Galoche, Birinic Idem, avec aussi le gouren (lutte) dans l’est
Nombre de tournois publics/an 7 Plus de 190 (CDOS56, 2023)

Ancrage dans la vie locale : témoignages et rendez-vous à ne pas manquer

Rencontrer celles et ceux qui continuent de faire vivre cette tradition, c’est se plonger dans la mémoire vivante du village. À Saint-Barthélemy, plusieurs voix racontent l’importance de cette transmission :

  • Marie, 73 ans : “Petite, on jouait à la galoche tous les dimanches après la messe. On mettait une pièce sur la quille, qui appartient à celui qui la fait tomber. Maintenant, mes petits-enfants me défient, c’est toujours la même partie, jamais tout à fait pareille.”
  • Jules, 28 ans : “Je pensais que c’était des trucs de vieux. Finalement, on se chambre plus autour du palet que sur n’importe quel jeu vidéo. C’est un prétexte pour tout, pour rire, partager, apprendre aussi.”
  • Annaïg, institutrice : “C’est précieux que les enfants comprennent d’où viennent ces jeux. Cela les relie au paysage qui les entoure, à l’histoire de leur famille. La boule, le palet, ça fait partie d’eux sans qu’ils le sachent.”

Ces jeux sont souvent intégrés dans la programmation des animations culturelles : la fête patronale fin juillet, la kermesse des écoles en juin, ou encore la fête de la châtaigne en automne sont autant d’occasions d’apercevoir un cercle de pratiquants rivaliser d’adresse et de bonne humeur. L’Office de Tourisme du Pays de Baud répertorie régulièrement ces rendez-vous dans son agenda (voir leur site pour la programmation à jour).

Chaque été, le “Grand Tournoi des Familles” rassemble jusqu’à 35 équipes intergénérationnelles, coiffées de bonnets traditionnels ou de chapeaux rigolos, pour de longues parties animées sur l’aire du bourg. Le score, finalement, importe moins que les éclats de rire. Et c’est cette convivialité, peut-être, qui offre aux jeux bretons leur meilleure chance de perdurer.

Demain, quels défis pour la tradition ludique barthélémienne ?

Entre préservation authentique et capacité à se renouveler, la question du futur des jeux bretons se pose régulièrement. Si la transmission est aujourd’hui assurée grâce aux écoles, aux associations et à la ténacité de quelques passionnés, il faudra sans doute continuer à innover pour toucher de nouveaux publics.

  • Accueillir des animations originales (jeu de nuit, formats coopératifs, etc).
  • Encourager la présence des jeunes dans les comités d’organisation.
  • Travailler avec d’autres communes pour mutualiser des événements plus ambitieux, comme le “Trophée du Morbihan de Palet” ou échanges inter-villages.
  • Mettre en valeur la dimension touristique et patrimoniale de ces jeux, au-delà du simple loisir.

Les jeux bretons font davantage qu’occuper un dimanche ou animer une kermesse. Ils tracent des liens, racontent le lieu, sa culture et son sens de la fête partagée. À Saint-Barthélemy, ces traditions font encore battre le cœur du village à leur rythme – solide, convivial, obstinément sincère.

Sources : Fédération des jeux et sports traditionnels de Bretagne, CDOS 56, Office de Tourisme Pays de Baud, Le Télégramme, INA, témoignages locaux recueillis en 2023.

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