01/07/2025
Beaucoup de noms de hameaux bretons portent la trace de la langue bretonne. À Saint-Barthélemy, cette influence se lit surtout dans l’utilisation de préfixes typiques comme « Ker- », « Lann- », ou « Bot- ». Voici quelques clés de lecture :
La présence de ces préfixes rappelle l’importance de la langue bretonne, parlée dans la région jusqu’au début du XX siècle. Autour de 1900, selon les chiffres de Pierre Le Roux (Les noms de lieux du Morbihan, 2008), près de 60 % de la population du pays de Pontivy – dont Saint-Barthélemy fait partie – était encore bretonnante.
De nombreux hameaux ont hérité leur nom d’anciennes familles installées sur place. Au fil des siècles, la propriété d’un lieu donnait son nom au lieu lui-même :
Cette logique patrimoniale se retrouve dans d’autres communes du Morbihan. Les terres appartenaient souvent aux mêmes familles sur plusieurs générations, ce qui expliquait la persistance des noms bien après la disparition de la maison d’origine.
Une bonne part des noms de hameaux provient aussi de la description physique du paysage : on nomme en fonction de la topographie, des végétaux ou des points de repère. À Saint-Barthélemy, plusieurs hameaux en témoignent :
Les noms décrivant la géographie permettaient d’identifier rapidement les lieux avant l’usage généralisé des adresses postales. Ils répondaient à un besoin concret : savoir où on allait, ce qu’on y trouvait, ou simplement qui y habitait.
Les hameaux de Saint-Barthélemy étonnent par la stabilité de leurs noms, parfois inchangés depuis deux siècles au moins (vérifiable sur le cadastre napoléonien et les cartes de Cassini). Un phénomène rare, car beaucoup de communes bretonnes ont connu des francisations ou des modifications orthographiques dans les années 1830-1900.
Cette stabilité s’explique par le relatif isolement de Saint-Barthélemy et la faible pression démographique jusqu’aux années 1970. La tradition orale et le maintien d’une identité forte au sein des familles ont sans doute protégé la microtoponymie locale.
Saint-Barthélemy, comme toute la Bretagne intérieure, s’est structurée à partir d’anciennes « trêves » (paroisses secondaires) et de hameaux dispersés. Au milieu du XIX siècle, la commune comptait une vingtaine de hameaux contre seulement six écarts habités en 2024 (source : INSEE, recensement 2021).
Si aujourd’hui certains hameaux ne comptent plus que quelques maisons, leur nom perpétue une façon d’habiter et de penser le territoire, qui fait la richesse humaine de Saint-Barthélemy.
Comprendre d’où viennent les noms des hameaux de Saint-Barthélemy, c’est renouer avec des gestes familiers : nommer la maison, désigner la terre, parler le breton ou le gallo, transmettre l’histoire de génération en génération. Sous les appellations apparemment figées, c’est tout un monde rural qui continue de tisser son identité, à pas feutrés, entre campagne et mémoire. Demain, ces noms résonneront encore, portés par le vent ou gravés sur une vieille pierre. À qui sait les écouter, ils racontent le vrai visage de Saint-Barthélemy, entre histoire et quotidien partagé.