29/10/2025

Où admirer le patrimoine de Saint-Barthélemy : parcours et perspectives à ne pas manquer

Le belvédère du Pont Neuf : un panorama sur le Blavet et l’histoire fluviale

Sur la D161, à la limite est de la commune, le Pont Neuf enjambe le Blavet, fleuve côtier devenu canal entre Pontivy et Hennebont. Ici, le regard porte loin sur l’eau, encadrée de prairies riveraines et de bosquets, mais aussi sur la vie d’antan. Car ce pont, construit en 1856 (source : Archives du Morbihan), remplaçait l’ancien passage de bac. Jusqu’aux années 1930, barques et gabariers animaient cet endroit, transportant aussi bien meules de foin que tonneaux vers la rade de Lorient.

  • La vue, légèrement surélevée depuis le chemin de halage, donne à voir les vestiges des cales et les anciennes maisons d’éclusiers.
  • À marée haute, on aperçoit parfois hérons et cormorans, imperturbables sentinelles.

Ce point relie, en un regard, nature préservée et mémoire ouvrière, car le Blavet fut l’un des axes majeurs du transport de charbon et de matériaux de construction au XIXe siècle. En y venant tôt le matin, on profite d’une brume légère et d’une lumière dorée, parfaite pour les amateurs de photo ou d’aquarelle.

La montée vers la chapelle Sainte-Julienne : un promontoire sur la vallée verte

Au sud-ouest du bourg, la chapelle Sainte-Julienne (XVIe siècle) domine un coteau végétalisé. Sa petite route, sinueuse, offre plusieurs arrêts nature :

  • D’abord, une vue plongeante sur les champs de lin et de colza, dès les premiers beaux jours (selon Agreste Bretagne, la commune compte 62 hectares de cultures à rotation en 2023).
  • Puis, sous la flèche de la chapelle, l’ensemble du bourg s’égrène en contrebas, éparpillé entre jardins et haies bocagères.

La chapelle elle-même, modeste, abrite une statue polychrome de la sainte (datée de 1624 par l’Inventaire du Patrimoine Culturel). Ce site convoque surtout le sentiment de paix et la lumière douce du soir, idéale pour contempler le relief doucement vallonné des environs.

La lande de Kervédan : atmosphère sauvage et vestiges mégalithiques

À l’écart, à l’ouest du centre, la lande de Kervédan tranche avec les paysages cultivés. Ici, la lande a longtemps servi à la collecte de genêts et ajoncs pour le fourrage, mais elle garde surtout un mystère ancien :

  • Deux menhirs couchés (« Les Rochers des Korrigans »), recensés par le Service Régional de l’Archéologie, rappellent une occupation néolithique (environ 3500 av. J.-C.).
  • Sur la crête, la vue se déploie à 360° sur la vallée du Blavet au loin et, par temps clair, jusqu’aux monts d’Arrée qui barrent l’horizon.

Cette lande fait partie des écosystèmes protégés, car elle abrite notamment l’orchis brûlé, une orchidée rare (Observatoire de la Flore du Morbihan, rapport 2021). L’impression ici est d’un paysage brutal et authentique, où le regard se perd entre pierre et ciel.

Chemin du Petit-Bois : le village sous son plus beau profil

Pour saisir « l’image-carte postale » de Saint-Barthélemy, rien de mieux que le chemin du Petit-Bois. Ce sentier démarre près de l’église Saint-Barthélemy et grimpe doucement vers l’est :

  • Vu de la première courbe, le clocher en granit se détache sur fond de sapins, entouré des toits d’ardoise et du vieux presbytère (inscrit à l’Inventaire en 1986).
  • Plus loin, une trouée dans la végétation laisse voir les anciennes maisons du Tertre, l’un des plus vieux hameaux de la commune (archives paroissiales mentionnées dès 1670).

Par temps clair, le bleu du ciel contraste avec le gris des ardoises bretonnes. Ici, chaque maison, chaque muret reflète le travail patient des générations successives, et par temps de fête, on entend parfois, de loin, les cloches sonner une mélodie ancienne.

La vallée du Loc’h : patrimoine discret, nature vive

Le Loc’h, bras du Blavet, coule au nord du territoire. Les chemins de randonnée créent une boucle de 6 kilomètres, balisée par la commune depuis 2018. On y croise plusieurs éléments remarquables :

  • Le vieux moulin de Kerihuel, dont la roue restaurée tourne encore à la crue (2020, dossier de la mairie de Saint-Barthélemy).
  • Les haies vives, plantées en partie par l’association Bretagne Vivante, abritant 58 espèces recensées d’oiseaux (données LPO, 2023).
  • Des plages de galets où, selon la tradition orale, les lavandières se retrouvaient le lundi, faisant circuler nouvelles et anecdotes.

Le plus beau point d’observation s’ouvre au niveau de la passerelle de Kervégan : sur dix mètres de hauteur, la vue s’élargit sur le méandre du Loc’h, la silhouette lointaine de la forêt de Camors, et les prairies humides où paissent vaches et chevaux.

Dans l’ombre du calvaire de la Croix-Rouge : symboles et perspectives

À l’écart du bourg, signalé par sa croix de granit rougeâtre, s’élève le calvaire de la Croix-Rouge, édifié en 1858 (source : Patrimoine.bzh). Ce lieu de recueillement n’est pas seulement une halte spirituelle :

  • L’esplanade surélevée offre une perspective plein sud sur le bocage – les parcelles séparées de vieux talus, témoins d’une agriculture séculaire (la structure actuelle date, selon la Chambre d’Agriculture du Morbihan, de la grande réorganisation rurale des années 1950).
  • Au printemps, le sol est couvert de primevères et d’anémones sylvie, rendant le coin particulièrement photogénique.

Le lieu est aussi lié à l’histoire locale de la Résistance : la Croix-Rouge servit de point de repère lors de la Seconde Guerre mondiale pour les transmissions radio entre groupes FFI du secteur. Une petite plaque, posée par l’ONACVG en 2017, rappelle la mémoire de cette époque.

Quelques autres coins pour s’échapper : suggestions express

  • La butte de Kerlivio : petite élévation, peu fréquentée, qui offre un lever de soleil impressionnant sur la vallée du Blavet.
  • L’étang communal : parfait pour observer la faune locale (canards, poules d’eau, parfois chevreuils au crépuscule) et apercevoir, sur la berge opposée, l’ancien lavoir couvert, restauré en 2015 par des bénévoles du village.
  • Les ruines de Castel Stéphan : accès difficile mais vue rare sur les restes d’une motte féodale, vestige du Moyen Âge rural.

L’art de prendre de la hauteur sur Saint-Barthélemy

À Saint-Barthélemy, les points de vue ne sont jamais spectaculaires à la manière des falaises du littoral ou des cités fortifiées. Ici, c’est la discrétion qui prime, la surprise au détour d’un sentier ou d’un champ. Prendre le temps de s’arrêter, de lever le nez, c’est parfois ouvrir une fenêtre sur le passé, la nature, ou le quotidien des habitants.

Pour qui aime explorer, les parcours proposés ici sont autant d’invitations à découvrir une commune fidèle à son histoire, mais riche de trésors, à hauteur d’œil. Que l’on soit marcheur du dimanche ou amoureux du petit patrimoine, ces points de vue sont une belle manière d’embrasser d’un regard toutes les nuances de Saint-Barthélemy.

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